Zum Konzert am 27. Juni 1977 in Paris


Le Figaro, Paris, 29. Juni 1977

De la grange de Meslay à Pleyel

Chants profanes et religieux

[…]

Le lendemain soir, une autre foule occupe jusqu’au dernier strapontin la salle Pleyel pour acclamer Christus, de Liszt, dont c’est grâce à Jean Fontaine, la première audition à Paris. Comment a-t-on pu attendre cent onze ans pour découvrir pareil chef-d’œuvre ? Il fallait, évidemment, que Fischer-Dieskau fût disponible, car, dans le rôle de Jésus, il est parfaitement irremplaçable : mi-homme, mi-Dieu, incarnant avec une majesté sensible. Celui dont la double nature, fondue en un seul mystère, est le chef des religions chrétiennes. Il fallait aussi la présence de l’admirable chœur bulgare, de quatre solistes hongrois et du chef Miklos Forraï qui sait la partiteur par cœur.

Ce que j’admire à genoux dans cette œuvre hybride, c’est précisément la prodigieuse diversité des styles. Dès les premières mesures, le plain-chant grégorien – nu, monodique, tel qu’il est né – ou vien harmonisé avec un tact suprême, et la langue modale, si riche de virtualité, débouchent, après une suggestive Pastorale et le développement combien savant ! de la Marche des Rois, sur la sublime litanie des Béatitudes, soupirée, modulée par Fischer-Dieskau, dialogant avec le chœur. Certes, quand se produit le miracle de Jésus apaisant d’un signe la tempête déchainée sur les flots, vous pensez bien que Liszt, pour peindre la scène, plonge ses Pinceaux dans les godets dont il s’est servi pour orchestrer ses Poèmes symphoniques ! L’occasion était tentante.

J’arrête ici ma description, par trop inégale à l’œuvre, pour remarquer que celle-ci est, simplement, à l’origine de l’immense renouveau de la musique religieuse, de Fauré à Honegger, en passant par la Symphonie des Psaumes et le Martyre de Saint-Sébastien. Prophétique, au double sens du terme, tel est Christus ! Une seule réserve : la qualité douteuse de l’orchestre et l’accouplement impossible, douloureux, de la basse hongroise. Mais, tout le reste… Une longue splendeur !

Clarendon

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