Zum Liederabend am 6. März 1963 in Paris

Le Figaro, Paris, 9. März 1963

Fischer-Dieskau

La musique par Clarendon

He quoi, me dira-t-on: quelques lignes pour Fischer-Dieskau, quand vous consacrez toute une chronique à un jeune artiste? C’est que celui-ci en a besoin. L’autre, il me suffit d’écrire qu’il a chanté six lieder du «Chant du cygne» et les «Amours du poète» pour que tout le monde comprenne… On n’explique pas un miracle, on le subit.

A la fois viril et sensible, Fischer-Dieskau fait plus de nuances que personne, mais nul n’y met autant de discrétion. Aucun chanteur n’a cette palette de couleurs dans le gosier: mais l’on ne s’en avise qu’en y réflichissant. Il n’interprète pas: il assume, il incarne, il vit son chant. Tout est naturel, tout est beau, tout est vrai.

N’oublions surtout pas l’admirable Gerald Moore, au piano. Debout, côte à côte, on dirait Wotan et M. Pickwick.

Autor unbekannt

France Soir, 8. März 1963     

     

Salle Pleyel

Du délire et 26 rappels pour Dietrich Fischer-Dieskau

    

On pourrait croire qu’une trentaine de «lieder» chantés en allemand au cours d’une soirée ne trouveraient qu’un public applaudissant «d’une main» et bâillant de l’autre.

Pour Dietrich Fischer-Dieskau, ce fut, hier, à Pleyel, vingt-six rappels, trente-cinq minutes d’applaudissements, sept "bis" arrachés à la force du poignet par une foule qui, durant une demi-heure, resta debout, refusant de partir.

Chaque saison, l’on se dit qu’il est impossible de chanter aussi bien que Dieskau et l’année suivante on trouve mieux encore: un Dieskau se surpassant lui-même. Il est son seul rival sérieux dans le monde.

Sa voix, loin de se fatiguer, s’approfondit, s’élargit, s’assouplit. Elle a la puissance et la douceur, la flamme et le velours. Elle est Schubert et Schumann, «Le Chant du cygne», «Les amours du poète», la petite fleur bleue de H. Heine et l’orage du romantisme allemand. Elle trouve en Gerald Moore un accompagnateur digne d’elle.

Jean Cotté

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